Vassyl Vrajlyvyi (1903-1937)

Vassyl Vrajlyvyi (de son vrai nom, Chtan’ko) est né en 1903 dans le village d’Opichnya, dans le district de Zin’kiv de la région de Poltava, dans une famille nombreuse d’un paysan pauvre.

Vassyl Vrajlyvyi fait ses études à l’école secondaire du village, puis aux gymnasiums de Zin’kiv et de Poltava. En suivant le conseil de ses parents, il s’inscrit à l’Ecole agricole, mais l’abandonne finalement pour consacrer sa vie à l’activité littéraire. Vassyl Vrajlyvyi s’implique dans la littérature depuis l’adolescence, influencé par son compatriote, Andriy Zalyvtchyi.

Vassyl Vrajlyvyi participe aux activités de plusieurs cercles littéraires : il est membre de l’organisation des écrivains dits « de campagne » «Plouh» (La Charrue), ensuite de l’association des écrivains, VAPLITE, après la dissolution de celle-ci, il est inscrit à « Prolitfront». 

Vassyl Vrajlyvyi commence à publier ses œuvres littéraires à partir de 1923. Son premier recueil de récits, Dans le fossé, est édité en 1924. Ensuite, sortent d’autres recueils, à savoir : Terre (1925), Ravins de loup, Jeunesse (1929), le récit Père (1929), Six récits (1930), Victoire (1932) et d’autres. A l’époque de l’activisation de relations entre les nations en URSS, Vassyl Vrajlyvyi écrit le roman Affaire du cœur (1933) sur la vie à Kazakhstan. En même temps, il fait les traductions du français.

En décembre 1934, le meurtre de Kirov cause une large série d’arrestations qui affecte parmi autres Vassyl Vrajlyvyi et ses collègues écrivains –  Yevhène Ploujnyk, Valeryan Pidmohylnyi, Hryhoriy Epik. Tous, ils ont été arrêtés accusés d’âtre les membres « d’une organisation contre-révolutionnaire ». Aux interrogatoires qui suivent l’arrestation le 25 décembre 1934, à Kharkiv, Vassyl Vrajlyvyi expose ses opinions politiques ainsi: « Je n’étais membre d’aucun parti politique, j’étais tout simplement nationaliste, je suis élève de Mykola Khvylovyi qui avait beaucoup de pouvoir sur moi, ce qui a déterminé mon choix politique à partir des années 1927-1928 ».

Ayant le caractère accueillant et généreux, Vassyl Vrajlyvyi organise dans son appartement à Kharkiv une sorte d’hôtel pour les écrivains, et ce fait présente pour les nkvdistes une bonne occasion pour l’arrêter. Voilà ce que Yuriy Smolytch écrit dans ses mémoires Récits sur le trouble : « L’appartement de Vassyl Vrajlyvyi, surtout après son divorce, s’est transformé en une sorte de petit club familial qui servait en même temps de petit refuge d’une nuit. De nombreux amis s’y réunissaient : Mike Johansen, Oleksa Slisarenko, Pavlo Ivanov, Kyrylo Souhomlyn, Ivan Kovtoun (Voukhnal) et d’autres... Ivan Bagrianyi, arrivé de sa ville natale Okhtyrka, passait des nuits sur le bureau, Yevhène Ploujnyk, venu de Kyïv à Kharkiv, couchait sur la table dans la salle à manger». La famille de l’écrivain Antoine Krouchelnyts’kyi déménage de Lviv à Kharkiv et s’installe aussi, dans un premier temps, chez Vassyl Vrajlyvyi. Ivan Sentchenko écrit dans ses Notes sur la vie littéraire des années 20-40 qu’après l’arrestation d’Antoine Krouchelnyts’kyi en novembre 1934  les deux fils d’Antoine – Ivan et Taras – ont été fusillés en décembre 1934, ainsi que Hryhoriy Kossynka et Oleksa Vlyz’ko) : «les pouvoirs ne devaient pas se casser la tête pour trouver une accusation : Vassyl Vrajlyvyi a organisé chez lui une permanence clandestine pour les espions et les saboteurs. Donc, un écrivain merveilleux, un homme de cœur, créatif et pur, a été exterminé».

Le 27-28 mars 1935, Vassyl Vrajlyvyi, ainsi que les 16 autres accusés au procès des « combattants de Kyïv », sont condamnés à 10 ans des camps de concentration par les juges militaires auprès de la Cour Suprême de l’URSS, aux assises tenues hors du palais de justice. Vassyl Vrajlyvyi purge sa peine à Solovki.  Il est condamné réitérativement à être fusillé par la résolution de la commission de trois de NKVD dans la région de Leningrad. Ce verdict  a été exécuté le 8 décembre 1937. En 1956 Vassyl Vrajlyvyi est réhabilité à titre posthume.