«Je sais, nous sommes les bibliographes fermes, et notre sagesse est une bibliothèque", - écrit le poète dans un de ses sonnets. Mykola Zèrov est littérateur remarquable, critique, polémiste, leader des néo-classiques, maître du sonnet et traducteur brillant de la poésie antique.
Mykola Zèrov est né le 14 avril 1890, dans la ville Zin’kiv, dans la région de Poltava, dans une famille nombreuse. Son père est instituteur et occupe une bonne situation dans le système de l'instruction publique. D’abord Mykola fait ses études à l’école de Zin’kiv, où son camarade de classe est le futur humoriste Ostap Vychnia. Un frère de Mykola Zèrov, Mykhaïlo, devient un traducteur connu qui publie sous le pseudonyme – Mykhaïlo Orest, l’autre – Dmytro, devient un Académicien en botanique.
Mykola continue ses études au gymnasium d’Okhtyrsk. En 1903, il entre dans le premier gymnasium de Kyïv. Dans les années 1908-1914, Mykola Zèrov est étudiant de la faculté d’histoire et de lettres à l'Université de Saint-Vladimir. En 1912, dans la revue “Svitlo” (La Lumière) et dans le journal "Rada" (Le Conseil) sont publiés les premiers articles et les critiques de Mykola Zèrov. En 1914, il est nommé professeur d'histoire au gymnasium de garçons de Zlatopilsk. Et en 1916, il devient le professeur du gymnasium de filles aussi. Depuis 1917, il travaille comme professeur de latin dans le gymnasium Confrérie de Cyrile et de Méthode à Kyïv. En 1918-1920, Mykola Zèrov enseigne l’ukrainien à l’Institut d'architecture, et il est le rédacteur de la revue bibliographique «Le bibliophile» (jusqu’à 1920).
A cette époque Mykola Zèrov entre dans le cercle d'élite des hommes de culture ukrainienne qui est formé par Hèorhyi Narbut. Lors des séances du cercle, on discute des questions du développement de la littérature, de la peinture et du graphisme ukrainiens. En 1920, les changements considérables se produisent dans la vie de Mykola Zèrov. Il se marie avec Sophia Loboda et commence à réfléchir sérieusement pour se lancer dans le travail scientifique. En même temps, il publie des recueils de poèmes L’Anthologie de la poésie romaine et La Nouvelle poésie ukrainienne, qui deviennent un événement remarquable dans la vie littéraire de ce temps.
Le 1er octobre 1923, Mykola Zèrov devient professeur de littérature ukrainienne de l'Institut d’insruction populaire à Kyïv (aujourd’hui Université Nationale de Kyïv). En même temps, il travaille comme rédacteur des éditions à l’Académie des Sciences. En 1923, les poètes néo-classiques entament une activité littéraire intense. Ils organisent les soirées littéraires lors desquels ils essaient de réunir plusieurs artistes. L’aspiration de Mykola Zèrov de développer une plate-forme commune pour la consolidation du processus littéraire est considéré comme une tentative d’imposer l’idéologie des futuristes, ce qui provoque une vive résistance de certains poètes. L’an 1924 commence par des débats houleux. Le 3 janvier, Mykola Zèrov présente une communication sur La littérature ukrainienne en 1923. Le leader des "néo-classiques" évalue l’an 1923 comme «l’année de la renaissance littéraire ». Cette année-là, un grand nombre de grands noms, de nouveaux livres et de revues littéraire apparaissent. Selon Mykola Zèrov, c’est un développement normal de la littérature ukrainienne.
En 1924, il publie Kamena, son premier recueil de poèmes, qui contient en partie ses traductions. L'auteur justifie cela avec modestie devant les contemporains comme la nécessité de « développer la langue et le style, de perfectionner la technique et la flexibilité syntaxiques de la poésie ukrainienne ». L'esprit de la simplicité classique, le sentiment exaltant, la pénétration profonde de l'être philosophique, la langue soutenue, l’art exquis des œuvres de Mykola Zèrov impressionnent les contemporains. On peut considérer l’an 1925 comme le sommet de l'activité littéraire et critique de Mykola Zèrov. Par exemple, la revue "La vie et la Révolution" publie cette année 17 de ses travaux critiques sans compter les publications dans d'autres revues, les discours, les cours pour les étudiants.
En 1925, la discussion littéraire célèbre qui dure jusqu'à 1928 éclate. Elle est ouverte par l'article H. Yakovenko Sur les critiques et la critique dans la littérature et la réponse que lui donne Mykola Khvylovyi. Comme critique littéraire, Mykola Zèrov prend le parti de Mykola Khvylovyi. Le programme de M. Zèrov préconise la compréhension de l'importance et l’assimilation des richesses des traductions ukrainiennes des oeuvres classiques de la littérature mondiale. Car cela donne la chance d'évaluer le potentiel réel de beaucoup de personnalités contemporaines littéraires ukrainiennes et de transférer sur le sol ukrainien les meilleures œuvres de la littérature classique et moderne européenne, enfin, d’installer l'atmosphère de la concurrence littéraire. C'est précisément ce qui provoque l'opposition. Sa proposition de remplacer par la concurrence littéraire le protectionnisme de cercle littéraire irrite particulièrement les adversaires de Mykola Zèrov.
A partir de 1926, Mykola Zèrov travaille seulement comme critique littéraire, en concentrant ses efforts sur la traduction et les études historiques et littéraires. En cette même année, le pouvoir blâme les «néoclassique», en les accusant de l’agencement contre le prolétariat. Au plénum des écrivains soviétiques de 1927, on donne des orientations directes sur l'évaluation politique des «néo-classiques», la décision signifie en réalité une interdiction de l'activité littéraire et critique de Zèrov. Il reste pour lui un seul domaine d’activité intellectuelle, celui des études historiques et littéraires. Il écrit les préfaces aux œuvres des écrivains classiques ukrainiens qui sont publiées dans les éditions "Knyhospilka" et "Siayvo". Ces articles forment ensuite le livre De Koulich à Vynnytchenko (1929). Mais cette situation ne dure pas longtemps. Bientôt, « Knyhospilka » est réorganisée, « Siayvo » est fermée. Mykola Koulich et Volodymyr Vynnytchenko sont proclamés les écrivains fascistes. Son collègue Maksym Ryls'kyi est arrêté et cela devient un avertissement clair à tous les néo-classiques. En février-mars 1930, Mykola Zèrov est appelé à témoigner dans le « procès de l’Union de la libération de l’Ukraine ». Sa situation est précaire et incertaine. Comme tous les intellectuels ukrainiens, il vit sous la menace de l'arrestation, dans une atmosphère d'intimidation et d’harcèlement. Le suicide de Mykola Khvylovyi en mai 1933 est un drame de plus pour Mykola Zèrov.
Toutes les dernières années de sa vie, il lui est pratiquement interdit de mener l'activité littéraire et scientifique. A partir de1933, il lui devient dangereux de garder le silence. Le pouvoir bolchévique exige qu’il fasse des déclarations autocritiques et politiques. À la fin de 1934, Mykola Zèrov est radié de l'université. Il est obligé de chercher un autre travail ou de quitter l'Ukraine. Ayant survécu à une tragédie - la mort du fils de dix ans Kostiantyn – Mykola Zèrov part à Moscou. Dans la nuit du 27 au 28 avril 1935, Mykola Zèrov est arrêté à une station non loin de Moscou.
Le 20 mai 1935, il est renvoyé à Kyïv pour les raisons d’une enquête ouverte sur lui. Les interrogations du juge d'instruction Lichman ont lieu presque chaque jour. Le procès-verbal ne reflète que les paroles et la signature de l'arrêté. Que se passe-t-il en dehors de ces témoignages? Il n’est pas trop difficile de deviner – l’écrivain est torturé. Aussi, le 9 juillet, Mykola Zèrov se blâme-t-il: «Je me reconnais coupable - à partir de 1930, j’ai appartenu à la direction de l'organisation nationaliste contre-révolutionnaire ». Mykola Zèrov est condamné à 10 ans des camps russes. En fin de l'hiver, les "écrivains-voyous" ukrainiens sont envoyés en Carélie par le chemin traditionnel: "Montagne d’ours – Kem - Solovki”. Ces "criminels-terroristes" arrivent à destination en juin 1936. D’abord, le régime dans le camp est supportable. Suite à des problèmes de la santé, Mykola Zèrov ne peut pas abattre les arbres. L’artiste, critique littéraire, scientifique et traducteur est obligé de faire le ménage dans les ateliers. Une fois le travail effectué, il peut s’occuper des traductions et des études historiques et littéraires dans sa chambrette de garde. Selon de nombreux témoignages, il y mène à sa fin une entreprise de plusieurs années - la traduction ukrainienne d’Enéide de Virgile (le manuscrit de cette traduction est perdu ou détruit). Il en parle dans des lettres à sa femme. La dernière de ses lettres est datée du 19 septembre 1937. Le 9 octobre 1937, le procès de Zèrov et d'autres de ses collègues a lieu. Mykola Zèrov est condamné à mort. Le 3 novembre 1937, il est fusillé. Sa tombe symbolique se trouve sur le cimetière Loukyanivske, à Kyïv, à la tombe de son fils Kotyk Zèrov.
Certaines œuvres et traductions de Mykola Zèrov:
L’anthologie de la poésie romaine (Droukar, 1920, 63 p.) - traductions des œuvres de Catulle, Virgile, Horace, Properce, Ovide, etc.
La nouvelle anthologie de la poésie ukrainienne (DVU, 1920, 80 p.)
Kamena (Svit, 1924, 2-e éd. 1943)
La Nouvelle littérature ukrainienne (vol. 1, Slovo, 1924, 135 p.)
Lessia Oukraïnka (Knyhospilka, 1924)
Le Rayonnement (Kyïv, 1924)
Hryhoriy Skovoroda Les poèmes latins, trad. du latin (« Le Chemin rouge », n° 3, 1924)
Valériy Brioussov, 1873-1892 (DVU, Kyïv, 1925) - 14 traductions de M. Zèrov
Recueil de poèmes (Svit, 1926, 2-e éd. 1943)
Slovats’kyi, Mazeppa, La tragédie en cinq actes, la traduction de Zèrov (Svit, 1926)
Notre littérature et la polémique (« Le Chemin rouge »,n° 4, 1926)
La fleur et la prose ukrainienne (« La Vie etla Révolution », XII, 1928)
La position littéraire de Staryts’kyi (« La vie et la Révolution», VI, 1929)
De Koulich à Vynnytchenko : Recueil d'articles critiques (Kyïv, La Culture, 1929)
Sonnetarium (Berchtesgaden, Orlyk, 1948, 196 p.)
Catalepton (Philadelphie, Kyïv, 1951, 79 p.)
Corollarium (Munich, 1958)
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