Il est né dans une famille paysanne pauvre, le 28 août 1890, dans le village de Myla, de district Vyjnyts’kyi, en Bucovine, qui, à cette époque-là, fait partie de l’Autriche-Hongrie. Il fait ses études au gymnasium de Tchernivtsi jusqu’à 1913. Puis il entre à l’Université de Tchernivtsi où il étudie la philosophie et la linguistique slave et germanique. Dmytro Zahoul travaille en même temps dans la rédaction du journal « La Nouvelle Bucovine ». La première guerre mondiale interrompt ses études. En 1915, Dmytro Zahoul est prisonnier des troupes de l’armée russes qui l’emmènent en Russie. Après, il se retrouve à Odessa, ensuite à Kyïv où il vit la révolution ukrainienne. Il marie le travail de correcteur dans les maisons d’éditions et de professeur.
Dans les conditions de la régénération politique et culturelle de l’Ukraine postrévolutionnaire, il travaille activement comme littérateur. Iil collabore aux journaux “Muzaget” (1919) et “Mystetstvo” (1919). Dmytro Zahoul devient ensuite un des chefs de l’organisation littéraire « Zahidna Ukraïna » (« L’Ukraine de l'Ouest »), il travaille également dans les revues “Tchervonyi Shlyah” (“Le Chemin Rouge”), “Zhyttya I Revolutiya” (“La Vie et La Révolution”). Il s’y réalise comme un critique littéraire à succès (sous les pseudonymes: I. Maydan, V. Tyverets’, G. Youras’, M. Soutchasnyi, I.M.).
Dmytro Zahoul commence à publier ses textes au journal “Bukovyna” en 1907. En 1913, il fait paraître son premier recueil de poèmes. Après la révolution, il publie plusieurs recueils de poèmes, à savoir: Z Zelenyh Gir (Du haut des montagnes vertes), Kyïv, Tchas, 1918, 103 pages; Na Grani (A La Limite), Kyïv, Sayvo, 1919; Nash Den’, 1919-23 (Notre Jour), Kharkiv, DVU, 1925, 52 pages ; Motyvy. Zbirka Poeziy Tchetverta (Les Motifs. Le quatrième recueil de poèmes), Kharkiv, DVU, 1927, 182 pages. Les deux premiers de ces livres et en partie le troisième sont marqués par le symbolisme. Ils sont pleins d’un désir impétueux, d'abord optimiste et puis plus pessimiste, d’une “beauté inaccessible”, de la connaissance absolue, des maximes philosophiques, et puis, comme “l’effet” vient la déception profonde (“je couvre mes oreilles d’une couverture noire, je me bouche les oreilles du coton blanc”).
Dmytro Zahoul constate ce phénomène lui-même, dans son article signé par le pseudonyme B. Tyverets, L’Effondrement du Lyrisme dans la Poésie Contemporaine Ukrainienne (“Tchervonyi Shlyah”, 1924, partie 1—2, pages 141—166). N’ayant pas trouvé de forces de pouvoir plaire au parti communiste, en devenant “poète lyrique du prolétariat”, Dmytro Zahoul se convertit en critique et théoricien littéraire (voir, par exemple, son livre où il critique les auteurs néo-classiques Literatura tchy Literaturchtchyna (Littérature ou Littératitude ?), Kyïv, “Globus”, 1926, 36 pages). Parmi les ouvrages de théorie littéraire les plus précieux, il y a son livre Poètyka (La Poétique), le manuel de théorie de la poésie (Kyïv, “Spilka”, 1923, 144 pages). Dmytro Zahoul veut que la poésie ukrainienne égalise les échantillons les plus connus de la poésie européenne. Ce but peut être atteint par le travail de traduction. De plus, il considère que la littérature ukrainienne prolétarienne n’est pas la reproduction de la littérature russe.
En février 1933, il est arrêté par le GPU. Au mois de mai, il est condamné à 10 ans de déportation aux camps. Il est accusé de l’appartenance à l’organisation contrerévolutionnaire qui préparait la révolte contre le pouvoir soviétique. Suite à ces accusations absurdes, il est déporté en Sibérie. En 1943, le terme de son détention dans le camp est prolongé. Il est mort en 1944 dans les conditions inconnues. Dmytro Zahoul est réhabilité en 1957 à la demande de l’Association des Ecrivains de l’Ukraine.
Dmytro Zahoul est connu comme traducteur en ukrainien des œuvres de la littérature classique, à savoir : des extraits de l’ Enéide de Virgile, de quelques satires de Horace, des poèmes de Schiller, d’Heine, des œuvres de Goethe, de Byron, de Martin Andersen Nexø, du poème du poète russe Aleksandr Blok « Douze ».
Recueils de poèmes de Dmytro Zahoul:
- Mes pensées et mes chants, Tchernivtsi, 1912.
- La Dentelle, Tchernivtsi, 1913.
- Du haut des montagnes vertes, Kyïv, 1918.
- Le Fantôme. La mémoire de la terreur rouge, Kyïv, 1919.
- A la limite, Kyïv, 1919.
- Notre jour, 1919—1923, Kharkiv, 1925.
- Les Motifs, Kyïv, 1927.
- Œuvres choisies, Kyïv, 1961.
- Poésies, Kyïv, 1990.
Poèmes de Dmytro Zahoul :
Derrière la voile noire
Habitent les hommes comme moi
- Mon âme étrangère et inconnue, y pleure triste jour et nuit...
Je me bats à cet obstacle
Pendant des milliers d'années -
Mais il est impossible d’entrer à l'autre monde
À l’aide de la pensée muette et immobile.
Est-ce qu’une main forte- puissante
Arrache la voile du royaume de la journée?
Qui permettra à moi de se lier avec les libres, avec si libres,
Comme j’ai été autrefois?
Publié dans “Literaturno-Naukovyi Vistnyk”, Kyïv, 1919, partie 1, pages 6-7;
D’après l’anthologie de B. Kravtsiv “Obirvani Struny”, New-York, 1955, 156 pages.
J'entends une chanson,
comme à travers le rêve Cheremosh éloigné gronde;
je me fais entendre tous les soirs
le bruissement des feuilles, le bruit des pins.
Et quelque chose pour la chanson
chuchote si doux en coeur à l'unisson…
J'entends une chanson,
comme à travers le rêve Cheremosh éloigné gronde.
C’est le chant des floyaras* pleureuses,
C’est le gémissement plaintif de la trembita** –
Les fleurs de soie murmuront
Et le poids quittera le coeur.
Là, où les roches vers les nuages,
Je voudrais voler comme un faucon,
Chez le chant des floyars pleureuses,
Chez le gémissement plaintif de la trembita.
D’après le recueil “Obirvani Struny”, New York, 1955, 153 pages.
floyara* - instrument de musique à vent traditionnel ukrainien. C’est une variété de flûte ouverte, mais elle a 6 trous. Sa longueur est de 60 cm.
trembita**- instrument de musique à vent traditionnel ukrainien avec l’embouchure. C’est une trompette de bois sans soupapes, parfois couverte de l’écorce de bouleau. La longueur peut atteindre jusqu'au 3 m, son diamètre est de 30 mm, s'agrandit au pavillon; on met une embouchure de bois, de corne ou de métal au bout étroit de la trembita.
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