Prosateur et traducteur, Valerian Pidmohylnyi est le vrai maître de la nouvelle européenne. Fusillé en 1937, à Solovki, avec 1111 autres prisonniers, il laisse aux Ukrainiens un héritage littéraire important
Valerian Pidmohylnyi est né le 2 février 1901, dans le village de Pyssarivka[1], dans la famille d’un paysan. Agé de 14 ans, il déménage avec sa famille dans un autre village – Tchapli (aujourd’hui un quartier de Dnipropetrovsk). Enfant doué, il fait ses études au collège où il met au jour ses premiers récits. Le jeune auteur publie ses écrits qu’il crée à l’âge de 16 et 17 ans sous un titre promettant – Œuvres. Volume I. (1919). Ses centres d’intérêts sont la langue française, les ouvrages sur la psychologie et sur la philosophie. Il s’inscrit à l’université de Katerynoslav, aux faсultés de mathématiques et de droit, mais, suite à des difficultés matérielles, il est forcé d’abandonner ses études supérieures. Pour gagner sa vie, il travaille comme maître d’école. Il enseigne la langue ukrainienne et l’éducation politique. En 1921, Valerian Pidmohylnyi épouse la fille d’un prêtre, Kateryna Tchervins’ka. Dans un an, elle va mettre au monde leur unique enfant, Roman. Les lettres adressées à sa femme et à son fils que l’écrivain écrit de Solovki se sont conservées et sont publiées de nos jours.
En 1923, les Pidmohylnyi s’installent à Kyïv. Valerian Pidmohylnyi obtient assez rapidement la notoriété comme écrivain. Il travaille dans les maisons d’édition (« Roukh », « DVOu », «Knyhospilka ») et dans la rédaction de la revue littéraire « Jyttia ta revolutsiya » (« La Vie et la Révolution »). Il est également fondateur du groupe littéraire « Lanka » (« Le Chainon », 1924) qui se transforme, par la suite, en groupe prénommé MARS (1926). En 1928, Valerian Pidmohylnyi effectue un voyage en Europe (Paris, Prague, Berlin). En 1932, en fuyant les poursuites politiques, Valerian Pidmohylnyi part à Kharkiv, la capitale d’époque de l’Ukraine.
Le 3 décembre 1934, il est néanmoins arrêté. Le tribunal sans témoins et sans avocats l’accuse de l’activité antisoviétique et du terrorisme et le condamne à la perpétuité. L’écrivain avoue à ses bourreaux que la politique de collectivisation a causé la famine. Ainsi, Valerian Pidmohylnyi est-il déporté aux Solovki où il passe d’abord trois ans enfermé tout seul dans une cellule. Dans ce camp de concentration soviétique, il continue d’écrire et de traduire, mais aucun de ses écrits entamés aux Solovki n’est conservé. Pour libérer la place aux autres prisonniers du régime soviétique, en novembre 1937, les pouvoirs décident de fusiller 1111 déportés. Ce massacre est dédié au 20-me anniversaire de la Révolution russe. Avec Valerian Pidmohylnyi, plusieurs autres hommes de lettres sont exécutés ces jours-là à Sandarmokh : à savoir, Mykola Zèrov, Valerian Polichtchouk, Hryhoriy Epik, Les’ Kourbas, Mykola Koulich, Myroslav Irtchan, Youlian Chpol. Le nom de Valerian Pidmohylnyi est réhabilité en 1956.
Son œuvre se compose de romans, de récits et de nouvelles. Son roman le plus connu est La Ville. L’œuvre psychologique qui exprime les idées de l’existentialisme bien avant Sartre et Camus, cet ouvrage se place parmi les œuvres classiques de la littérature ukrainienne du XX siècle. L’art du nouvelliste se manifeste plus particulièrement dans ses récits Le Fils, Le Chien, Le Communiste, L’histoire de Madame Ivga, Le Problème du pain, etc. Valerian Pidmohylnyi a été également un critique littéraire. Il est auteur, entre autres, d'une étude psychanalytique portant sur Ivan Netchouy-Levyts'kyi (1927).
Lors de sa vie courte (il est fusillé à l’âge de 36 ans), Valerian Pidmohylnyi devient auteur non seulement d’un œuvre littéraire important, mais il est aussi auteur de plusieurs traductions des œuvres de littérature étrangère, notamment, française : à savoir, celles d’Anatole France (Thaïs, La Rôtisserie de la reine Pédauque, L’Île des Pingouins, Les dieux ont soif, Le Crime de Sylvestre Bonnard, Sur la pierre blanche, L’histoire comique, Le mannequin d'osier, Le Chat maigre) ; d’Honoré de Balzac (Le Père Goriot, La Cousine Bette, Le Cousin Pons) ; de Prosper Mérimée (Colomba) ; d'Alphonse Daudet (Les Lettres de mon moulin) ; de Denis Diderot (La religieuse, Jacques le fataliste) ; d’Helvétius (De l’homme) ; de Jules Verne (Vingt mille lieues sous les mers) ; de Victor Hugo (Quatre-vingt-treize) ; de Guy de Maupassant (Bel-Ami, Mont-Oriol, Sur l'eau, Les Dimanches d'un bourgeois de Paris, Fort comme la mort) ; etc.
Nouvelles :
Dieu gracieux (1918)
Haïdamaka (1918)
Vania (1919)
Le Mendiant (1919)
Une question difficile
Le Prophète
L’Anniversaire (1919)
Le Père Yakym (1919)
A la campagne (1919)
A l'hôpital épidémique (1920)
Le Chien (1920)
Le Communiste (1921)
Le Problème du pain (1922)
Ivan Pieds nus (1922)
Le Fils (1923)
Le Pilote de guerre (1923)
Le Soleil se lève (1924)
La Troisième révolution (1925)
Sur la vie d’un immeuble (1933)
Récits :
Ostap Chaptala (1921)
Un récit sans titre (1933-1934)
Romans :
La Ville (1927)
Un petit drame (1930)
Recueils de nouvelles :
Œuvres. Volume I. (1919)
Le Pilote de guerre (1924)
Le Problème du pain (1930)
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