En 1931, après l’arrestation de son ami Maksym Ryls’kyï, il part à l’étranger, en stage. C’est ainsi qu’il quitte l’Ukraine définitivement. A partir de 1931, il vit en Allemagne, où il travaille comme professeur et soutient une thèse de doctorat sur le poète russe Léonid Andreïev (en 1936). Citoyen allemand, il est engagé, en 1941, comme interprète pour accompagner l’armée allemande sur le territoire de l’URSS, pendant la Seconde Guerre Mondiale. Son travail consiste à engager parmi la population ukrainienne le personnel pour les bureaux allemands (femmes de ménage, artisans et ouvriers). Cette « campagne à l’Est » lui permet de revenir en Ukraine, d’observer en quoi le pouvoir soviétique avait transformé sa patrie lors de cette dizaine d’années où il y avait été absent. Il voit les cours des prisons du NKVD avec les traces des balles dans les murs qui sont restées après les fusillades. Il revit un souvenir particulier à Poltava. En fait, en 1921, il a passé quelques mois dans une cellule des condamnés à mort au Tcheka de cette ville.
Un an plus tard, en 1942, à Novomoskovsk (région de Dnipropetrovsk), il attrape un rhume, et le médecin militaire ordonne de le renvoyer pour suivre les soins en Allemagne. Son rêve de visiter Kyïv ne s’est donc pas réalisé, car, attaché à un général allemand, il n’a pas de liberté de déplacement. Oswald Burghardt retourne en Allemagne pour démissionner du service militaire. A partir de 1943, il travaille comme professeur à l’Université Libre Ukrainien (Prague). En 1944, avec l’arrivée de l’armée soviétique à Prague, il fuit la capitale tchèque, en y laissant toutes ses affaires, et se réinstalle en Allemagne. Il y commence sa vie du zéro. Il vit d’abord dans les camps DP (pour des personnes déplacées) où sont internés beaucoup d’Ukrainiens. La vie matérielle y est très dure, tout manque – la nourriture, les vêtements, le papier, les plumes… Plus tard, il trouve du travail à l’Université d’Innsbruck (Autriche). En 1947, il meurt à Augsbourg (Allemagne).
Oswald Burghardt écrit et en ukrainien, en russe et en allemand. Plus tard, il traduit en ukrainien ses œuvres rédigés en russe (par exemple, le sonnet Le Troubadour Jouffroy Trudel) et en allemand (le poème Jeanne d’Arc). Poète de l’Ecole de Prague, il fait également parti du Mouvement Artistique Ukrainien (MAU) qui a été créé dans les camps allemands DP (où beaucoup d’écrivains ukrainiens travaillent : Ivan Bagrianyi, …).
Oswald Burghardt est aussi connu comme un traducteur remarquable. Il a traduit en tout des œuvres des 26 auteurs russes, allemands, anglais et français. Il est auteur des traductions des œuvres de Shakespeare (Hamlet, Orage), de celles de nombreux auteurs allemands (Georg Heim, Stephan George, Rilke, Ernst Toller) et français (Paul Valéry, Emile Verhaeren, Paul Verlaine, Paul Claudel, Leconte de Lisle, Stéphane Mallarmé, Arthur Rimbaud, Jean Moréas, Georges Duhamel, Albert Samain, etc.). Ses traductions auraient dû faire parti d’une anthologie de la poésie française qui a été préparée à la sortie en 1930, mais plus tard, elle a été interdite, enlevée de la publication et dès lors disparue pour toujours. Parmi d’autres traducteurs qui participaient à cette édition il y avait Mykola Zèrov, Pavlo Fylypovytch, Mykhaïlo Draï-Khmara, Maksym Ryls’kyï. Oswald Burghardt traduit aussi les œuvres de ces collègues ukrainiens en allemand.
Après son départ de l’URSS, les œuvres de Oswald Burghardt sont interdites à la publication et à la distribution. Il les publie à l’étranger, dans cette partie de l’Ukraine polonaise où les écrivains ukrainiens ont encore de la liberté. Beaucoup de ses œuvres voient le jour dans Visnyk, revue littéraire dirigée par Dmytro Dontsov. Elles sont également éditées en Allemagne (Oswald Burghardt. Ukrainische Dichtung im Exil / Sonderdruck aus: Die Gegenwartsdichtung der europalschen Volker.– [1937–1938].– S.455–469). Au Canada, ses œuvres sont publiés en cinq volumes (1957-1960, Toronto, dir. Yevhène Malaniuk). Ces livres ont été amenés clandestinement en Ukraine soviétique dans les années soixante par les intellectuels. On sait que Hryhoriy Kotchour en possédait un. Les jeunes écrivains ukrainiens le faisaient passer des mains en mains. Les œuvres poétiques les plus importantes d’Yuriy Klen sont les poèmes Les Années damnées (1937) et Les Cendres des empires (1943-1947, resté inachevé).
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