Olena Ptchilka (1849-1930)

Féconde comme la terre, laborieuse comme une abeille

Panas Myrnyi

Ecrivaine, traductrice, folkloriste, ethnographe, éditrice, femme politique, académicienne, Olena Ptchilka est restée toute sa vie une ardente protectrice de l’identité ukrainienne

Olena Ptchilka (le pseudonyme d’Olha Petrivna Drahomanova-Kossatch) est née le 29 juin 1849 dans la ville de Hadiatch (près de Poltava), dans la famille de Petro Drahomanov. Ses racines sont grecques. Au XVII° siècle, son ancêtre, en errant à travers les pays, arrive en Ukraine. C’est un homme intelligent, sachant lire et écrire, connaissant plusieurs langues et surtout il est très courageux. Lors de la guerre des Cosaques contre la Pologne en 1648, Bohdan Khmelnytskyi l’engage en fonction de l’interprète (drahoman). Ayant acquis le titre militaire, il se marie et reste vivre en Ukraine. Ensuite le nom familial prend la terminaison russe –ov.

L’enseignement primaire d’Olha est faite à la maison par ses parents qui lui inculquent l’intérêt pour la littérature, la chanson folklorique, les contes populaires et les traditions ukrainiens. Ensuite, elle fait ses études dans le Pensionnat Exemplaire des Jeunes Filles de Noblesse, qu’elle termine en 1866. A la fin de ses études secondaires, elle connaît parfaitement le français et l’allemand, ainsi que la littérature et la musique mondiales. Olena Ptchilka subit une influence de son frère aîné, Mykhaïlo Drahomanov qui est un grand historien, ethnographe, écrivain et homme engagé ukrainien. En été de 1868, mariée avec Petro Kossatch, elle déménage à Volyn’, dans la ville de Zviahel (actuellement Novograd-Volynsk), la ville où son mari travaille. Le 25 février 1871, elle y donne naissance à une petite fille, Laryssa, qui sera connue sur le tard comme Lessia Oukraïnka. En tout, les Kossatch ont élevé deux fils et quatre filles.

« Ptchilka » signifie en ukrainien « une abeille ». Olena Ptchilka travaille toute sa vie « comme une abeille », c’est-à-dire, sans repos. Elle commence son activité littéraire en traduisant en ukrainien les œuvres poétiques d’A. Pouchkine et de M. Lermontov. Ses connaissances des langues, qu’elle parfait lors de toute sa vie, lui permettent de traduire en ukrainien les œuvres d’Ovide, de Goethe, de H.-Ch. Andersen, de V. Hugo et de N. Gogol. Ainsi, Olena Ptchilka introduit dans la langue ukrainienne beaucoup de mots nouveaux.

Olena Ptchilka est aussi une des fondatrices de la littérature ukrainienne de jeunesse. Elle crée le théâtre amateur pour enfants, et c’est sur sa scène que plusieurs de ses poésies, contes, récits et pièces voient le jour. Auteur dramatique, elle écrit à la demande Mykhaïlo Staryts'kyi la comédie « Une œuvre universelle ». Elle est aussi l’auteur de recueils de poèmes (par exemple, Les Pensées-dentelles, 1886).

Olena Ptchilka est une des premières femmes éditeurs. En collaboration avec Natalia Kobryns’ka, elle fonde à Lviv l’almanach des femmes-écrivaines « La Première couronne ». Aussi est-elle la rédactrice en chef de la revue « La Contrée natale », qui paraît avec le supplément « La Jeune Ukraine ». C’est d'ailleurs dans « La Contrée natale » que publient leurs premiers poèmes Pavlo Tytchyna et Maksym Ryl’skyi. Elle met beaucoup d’énergie et d’efforts, aussi moraux et physiques que matériels, à la publication des œuvres de ses collègues écrivains. Elle édite, par exemple, par ses propres moyens, les fameuses Spivomovky (poésies humoristiques basées sur les blagues et les proverbes populaires) de Stepane Roudans’kyi.

En même temps, elle mène une activité politique (rédige le programme de la renaissance de la nation ukrainienne) et diplomate (avec un groupe d’intellectuels elle se rend à Saint-Pétersbourg et obtient l’annulation de l’Oukase interdisant la langue ukrainienne). Elle connaît et aime l’art populaire ukrainien. Ethnologue, elle enregistre toute une série de chansons, de rites et de coutumes nationales de sa contrée. En 1876, à Kyïv, paraît son livre Les Ornements populaires ukrainiens qui lui apporte la première notoriété.

En 1921, Olena Ptchilka revient à Kyïv, où en 1924 on lui propose le travail à l’Académie des Sciences de l’Ukraine. En 1925, elle est nommée son membre-correspondant. Olena Ptchilka s’y occupe des recherches ethnographiques. C’est l’époque où elle écrit des mémoires sur ses contemporains éminents (M.P. Staryts’kyi, Yevhen Hrebinka et son temps, Mykola Lyssenko, Les Souvenirs sur Mykhaïlo Drahomanov).

Olena Ptchilka meurt le 4 octobre 1930 à Kyïv, où elle est enterrée sans aucune cérémonie publique. La mort la fait échapper aux répressions staliniennes. A Tcheka, une affaire criminelle a été déjà préparée, accusant une femme âgée de 81 ans de la participation aux activités de la mythique Union de la Libération de l’Ukraine...

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