Petro Houlak-Artemovs’kyi est un écrivain, savant, traducteur et poète ukrainien. La fable de Petro Houlak-Artemovs’kyi, le Maître et son chien, est une œuvre satirique la plus mordante de la littérature ukrainienne de XIX-ième siècle. Son contenu dénonce le fléau du servage.
Il est né dans la ville de Horodychtché (jadis la province de Kyïv, aujourd'hui une petite ville dans la région de Tcherkassy) dans la famille d’un prêtre. Il fait ses études au séminaire, puis à l'Académie théologique de Kyïv. En 1813, n’ayant pas pu terminer l'Académie, il commence à enseigner dans les pensionnats privés de Berditchev, ensuite dans les maisons des riches propriétaires terriens polonais.
En 1817, il déménage à Kharkiv où il s’inscrit à l’Université comme auditeur libre à la faculté des lettres. Tout en faisant ses études, il enseigne le français à l’Institut des jeunes filles nobles. Plus tard, grâce à la recommandation d’un responsable de l’arrondissement de l’enseignement de Kharkiv, il est engagé comme professeur de la langue polonaise dans la même Université. A partir de 1820, il est également chargé de l’enseignement de l’histoire de la Russie, de la géographie et des statistiques.
En 1821, Petro Houlak-Artemovs’kyi réussit ses examens de maîtrise et de doctorat, il soutient la thèse portant le titre : « Sur l’utilité des connaissances de l’histoire générale et nationale, les méthodes de l’enseignement de l’histoire nationale ». Deux ans plus tard, il est élu membre associé du département de l’histoire russe et des statistiques. En 1825, il obtient le titre du « professeur extraordinaire », et, en 1828, celui du « professeur ordinaire » du ledit département. De 1841 à 1849, Petro Houlak-Artemovs’kyi occupe le poste du président de l’Université de Kharkiv. Il est aussi un des fondateurs du « Journal ukrainien ».
Son œuvre compte beaucoup de fables, proverbes, poèmes, traités polémiques, ballades, etc. C’est lui qui introduit dans la littérature ukrainienne le genre d’une ballade romantique. Ses meilleures œuvres écrites en langue ukrainienne ont été créés dans l’esprit de l’esthétique du réalisme des Lumières. A partir de 1837, il commence à publier ses œuvres dans « Le Messager ukrainien » (Oukraïnskyi visnyk). Dans cette revue paraissent également ses traductions de textes de Jean-Jacques Rousseau, de Jon Milton, d’Adam Mitkevitch, de Goethe, etc. Les premières œuvres poétiques de l’écrivain voient le jour pendant ses études à l’Académie théologique à Kyïv.
C’est à Kharkiv que Petro Houlak-Artemovs’kyi vit une vraie formation d’écrivain. Il y participe activement à la vie culturelle, il se lie d’amitié avec plusieurs personnalités des lettres, notamment avec Hryhoriy Kvitka-Osnovianenko. Il publie systématiquement ses œuvres et ses traductions russes (celles des œuvres de Rousseau, de Milton, de Racine, d’Horace, de Crébillon, etc.). Ces traductions témoignent d’une immense culture générale du poète, de son intérêt envers la littérature classique française et de sa disposition à la didactique moralisatrice et rationnelle.
La littérature polonaise a aussi beaucoup d’influence sur lui, il ressent de l’attirance pour elle depuis les années passées à l’Académie de Kyïv. En 1817-1819, Petro Houlak-Artemovs’kyi traduit une série d’œuvres philosophiques d’Ignacy Krasicki (1735-1801) qui est considéré comme le principal poète (« le prince des poètes ») des Lumières polonaises, tout en partageant leur point de vue. Dans ses premières œuvres, rédigées en russe, Petro Houlak-Artemovs’kyi manifeste des influences des littératures polonaise et française, et surtout celles du classicisme, mais, en même temps, son œuvre contient une empreinte du réalisme des Lumières. La première œuvre de Petro Houlak-Artemovs’kyi, écrite en ukrainien, La véritable bonté (1817) est adressée à Hryhoriy Kvitka-Osnovianenko (comme à un des dirigeants de la « Société de bienfaisance »). L’auteur y insiste sur l’utilité des entreprises caritatives.
Sa fable le Maître et son chien, publiée dans « Le Messager ukrainien » (1818) connaît un grand succès non seulement en Ukraine, mais aussi en Russie. Au cœur de la fable se trouve un conflit social entre le propriétaire et son serf (l’image allégorique du chien Riabko). Ayant utilisé le canevas de la fable de quatre lignes d’Ignacy Krasicki portant le même titre, Petro Houlak-Artemovs’kyi la développe, l’enrichit des scènes colorées de la vie quotidienne, des réalités d’époque, des dialogues pleins d’émotions, et, notamment, il place l’action dans le milieu ukrainien. Ayant introduit dans la fable un conflit social, l’auteur a décrit les caractères de ses personnages principaux comme ceux des représentants de deux couches sociales opposées. Ce sujet est novateur dans la littérature d’époque. La violence des propriétaires des serfs, l’abus de leur pouvoir absolu font l’objet d’autres œuvres satiriques de Petro Houlak-Artemovs’kyi. L’écrivain ne blâme pas le servage. Il veut juste que les propriétaires des serfs se comportent avec eux d’une manière plus humaine. Néanmoins, cette fable a réellement attiré l’attention de l’opinion publique au problème du servage. Ivan Franko, en soulignant les points forts et les faiblesses de la fable, a souligné que, grâce à elle, le poète avait acquis une place honorable dans la littérature ukrainienne, que cette fable avait éveillé l’opinion publique appelant à changer la situation des paysans.
La création de la fable le Maître et son chien a joué un rôle important dans la formation du genre de la fable dans la littérature ukrainienne. En 1819, l’écrivain publie dans « Le Messager ukrainien » encore deux fables (Solopiy et Hivria et Tukhtiy et Tchvan’ko). Petro Houlak-Artemovs’kyi a également créé un cycle de fables-miniatures : Un fou et un sage, Un curieux et un silencieux, Le Médecin et la santé (1820), écrites sous la forme de récits humoristiques populaires extrêmement laconiques. Plus tard, il revient au genre de la fable. En 1827, il écrit les fables Le Père et le Fils (la critique de l’éducation ancienne), Deux oiseaux dans une cage (le blâme de l’esclavage), Un petit poisson (sur la soumission au destin : « né petit doit être heureux petit »). Le genre de la fable offre au poète la possibilité de donner à ses personnages des caractéristiques précises. Il y utilise ses propres observations et le folklore.
En 1827, le poète ukrainien fait paraître dans la revue « Le Messager d’Europe » ses ballades en ukrainien Twardowski et Le Pécheur. Twardowski est une réécriture d’une ballade d’Adam Mitkevitch Madame Twardowska, créée à la base des contes populaires, du folklore slave. Elle parle d’un homme qui a vendu son âme au diable. L’action de la fable est transférée sur le sol ukrainien et se développe d’une manière burlesque. Cette ballade a du succès, même Mitkevitch loue l’œuvre de son collègue ukrainien. La deuxième ballade, Le Pécheur, est créée d’après la pièce de Goethe au même titre. L’histoire de Goethe est intimement liée avec la mythologie ukrainienne. Petro Houlak-Artemovs’kyi modifie l’œuvre dans l’esprit des traditions nationales. C’est une des premières tentatives dans la littérature ukrainienne au début du XIX-ième siècle, de créer un poème romantique.
En 1855, Petro Houlak-Artemovs’kyi est élu membre honorable de l’Université de Kharkiv. Puis, il devient membre de la Société Moscovite de langue et littérature russe. Les meilleures œuvres de Petro Houlak-Artemovs’kyi ont enrichi la culture ukrainienne.
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