Borys Hrintchenko (1863-1910)

Ecrivain, poète, pédagogue, lexicographe, critique littéraire, ethnographe, homme politique, historien et journaliste, Borys Hrintchenko consacre toute sa vie à la protection et à la promotion de la langue ukrainienne

Borys Dmytrovych Hrintchenko est né le 9 décembre 1863 dans un hameau Vilkhovyi Yar, près de Kharkiv (actuellement la région de Soumy), dans la famille d’un officier russe. Sa famille possède des terres, principalement des forêts, et un moulin à eau. Son père connaît bien l’ukrainien, mais ne le parle qu’avec les paysans ; à la maison on ne communique qu’en russe. Borys apprend à lire et à écrire assez tôt, il lit tout ce qu’il trouve à la bibliothèque de son père. Borys Hrintchenko considère Walter Scott, George Byron, Victor Hugo, Alexandre Pouchkine, Nikolaï Nekrassov, Alexeï Koltsov comme ses «premiers professeurs de littérature». En s’inspirant de ses lectures, il commence à écrire des poésies.

En 1874, il entre à l’Ecole Réelle de Kharkiv. A cette époque, les opinions politiques du jeune Hrintchenko se forment sous l’influence du mouvement révolutionnaire de narodniks (amis du peuple). Le 29 décembre 1879, à l’âge de seize ans, B. Hrintchenko est arrêté pour « la lecture et la diffusion » de l’ouvrage interdit de S. Podolyns’kyi Machine à vapeur. Par la suite, il lui est interdit de faire ses études aux établissements d’enseignement supérieur. Après un an d’exil, passé dans le hameau de son père, B. Hrintchenko revient à Kharkiv, en recherchant du travail. Vu les conditions matérielles difficiles, il gagne sa vie comme répétiteur. En même temps, Borys Hrintchenko se perfectionne, en préparant à l’Université de Kharkiv son externat de l’enseignant. En 1881, il passe son concours avec succès. Les idées politiques remplissent l’âme du jeune poète et instituteur. Il se jette donc avec ardeur dans le tourbillon de l’activité publique, en continuant avec obstination à perfectionner ses connaissances sur l’histoire de son pays natal, sur sa langue et sa culture. Ayant obtenu le droit à l’enseignement, B. Hrintchenko tâche de travailler d’après les principes de la pédagogie populaire et de la théorie de l’éducation universelle.

En 1883, Borys Hrintchenko obtient la place de l’instituteur dans un village près de Zmiïv. Là, il fait connaissance avec une jeune institutrice Mariya Hladylina. Au début de l’année 1884, Borys Hrintchenko l’épouse. Mariya devient son amie fidèle et sa compagne dans tous ses projets. Sur le tard, elle devient écrivaine et traductrice. En 1887, les jeunes époux arrivent dans un village Oleksiïvka, situé dans la province de Katerynoslav. Là-bas, Borys Hrintchenko, ainsi que sa femme, se voue entièrement au travail d’instruction et d’éducation. Son activité pédagogique, littéraire, scientifique et sociale de cette période est très féconde. C’est là, que Borys Hrintchenko se forme comme écrivain. Plusieurs de des œuvres sont le fruit de six années, passées à Oleksiïvka.

Il est auteur de plus de 50 nouvelles (Une jeune fille magnifique, 1884; Toute seule, 1885; Olessia, 1890; Elle a volé, 1891; La Petite cloche, 1897 ; etc.), récits (Un rayon de soleil, 1890; A la croisée du chemin, 1891; Dans la nuit profonde, 1900; Sous les saules paisibles, 1901), recueils de poèmes (Les Chants de Vassyl Tchaïtchenko, 1884; Sous un toit d’une maison de campagne, 1886; Sous le ciel nuageux, 1893 ; etc.). Le thème de l’histoire est développé dans les drames : Au milieu de l’orage (1897), L’Hôte de steppes (1897), Les Etoiles brillantes (1884-1900). B. Hrintchenko traduit en ukrainien des œuvres de F. Schiller, de Goethe, H. Heine et de V. Hugo.

L’écrivain travaille beaucoup dans le domaine de l’éducation, écrit des articles consacrés à l’éducation publique en Ukraine (Quelle école publique avons-nous actuellement en Ukraine, 1896 ; Les enseignants de peuple et l’école ukrainienne, 1906 ; L’Ecole ukrainienne : sur la voie sans issue, 1906 ; etc.). B. Hrintchenko lutte pour le droit à l’enseignement en ukrainien et pour la pureté de la langue ukrainienne enseignée. Lui-même, il rédige quelques manuels : a savoir, La Grammaire ukrainienne et La Parole maternelle.

Borys Hrintchenko accorde également une grande attention à l’édition, il est à l’origine de la parution de 50 ouvrages pour le peuple, publiés avec un tirage incroyable pour l’époque – 200 000 exemplaires. Et il fait ceci dans les conditions de l’interdiction de publier en ukrainien. Et même temps, il publie son ouvrage en trois volumes (1400 pages) sur l’histoire du folklore ukrainien. En 1902, on propose à Borys Hrintchenko de participer à la rédaction du dictionnaire de la langue ukrainienne. Le Dictionnaire de la Langue Ukrainienne en quatre volumes paraît en 1907-1909. Il contient 68 000 mots de la langue ukrainienne écrite, tirés de la littérature (à partir des œuvres d’Ivan Kotliarevs’kyi, fondateur de la langue littéraire ukrainienne, jusqu’aux œuvres, écrites au début du XX° siècle). Dans les années 1905-1907, l’activité de B. Hrintchenko se concentre principalement autour du travail dans la presse ukrainienne et dans l’association « Prosvita » (Instruction).

La fille de B. Hrintchenko, Nastia devient le membre de PRU (Parti Révolutionnaire de l’Ukraine). Pendant la Révolution russe de 1905, elle participe avec son fiancé aux insurrections armées. Irrémédiablement, Nastia se retrouve en prison, mais ses parents réussissent à la délivrer pour des raisons de sa santé. En 1908, Nastia et son petit fils, le seul petit-fils de l’écrivain, meurent suite à l’accès de la tuberculose. B. Hrintchenko vit ce malheur avec beaucoup de chagrin. En septembre 1909, il part avec sa femme en Italie. Ospedaletti, ville au Sud de l’Italie, devient son dernier refuge. Le 6 mai 1910 Borys Hrintchenko meurt. Il est enterré à Kyïv. Dans le village d’Oleksiïvka est érige le monument en hommage de Borys Hrintchenko.

Le livre de jeunesse de Borys Hrintchenko, Ksenia, relatant la vie d’une orpheline (illustrations d’Ivan Filonov, 1982).

Œuvres de Borys Hrintchenko en français :

Hrintchenko B. Sous les saules paisibles, in « L'Ukraine vue par les auteurs ukrainiens de la fin du XIXe siècle à la première moitié du XXe siècle». Choix de textes et traduction par Iryna Dmytrychyn.– Paris : L'Harmattan, 2006, 25 €.

Borys Hrintchenko La nuit sur une tombe

La nuit sur une tombe haute je reste debout Et regarde autour de moi: Seules les Steppes larges et au loin Les Prairies sombres rêvent.

Et le bord de cette steppe disparaît Dans les vagues claires du brouillard. Et du ciel cependant la lune les inonde De l’argent de ses rayons.

Et mon coeur désire s’envoler là-bas, Jusqu’au bord des steppes, Là où la liberté se promène encore, Où la clameur humaine n’a pas résonné.

Là-bas il n’y a que ces os de Cosaques Et la terre arrosée de sang, Il me semble que ma force Pourrait s’y fortifier.

Là-bas nos aïeux défendaient la liberté Et là-bas ils l’ont enterrée, Je crois que leurs saintes tombes Pourraient éveiller mes forces.

Et silencieusement je reste sur la tombe, Je reste et regarde autour de moi: Les steppes blanchissent comme elles blanchissaient, Et au loin les prairies noircissent.

Les steppes ukrainiennes sont ponctuées de tertres funéraires préhistoriques. Selon la légende, ce sont les tombes de Cosaques morts au combat pour libérer l’Ukraine. Cette mélodie chantée en trio est une prière à la liberté. La musique sacrée ukrainienne est polyphonique de nature. Traduction en français de ???

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